Antoine a dit:
... mais un jour j'ai entendu cette phrase d'Alexandre Jollien (philosophe handicapé)
" La souffrance est tellement horrible à vivre qu’il faut lui donner une raison…"
alors, je me suis demandé si ce n'est pas de là qu'on a créé des philosophies ?
Je veux d'abord vous dire qu'à la fin de tout mon blabla, j'ai réalisé que j'aurais mieux fait de faire un nouveau sujet, mais comme je suis parti de la réponse d'Antoine, je le laisse ici! bon courage pour le lire, j'ai écrit un peu comme cela venait.L'idée de comment supporter la
souffrance, et comment elle peut faire évoluer notre pensée..notre
philosophie... c'est pour moi un thème important. J'ai déjà pu expérimenter
comment la reconnaissance de la souffrance est importante et changera la capacité
de la personne à la transcender, à lui survivre (je veux dire
psychologiquement) à réussir à rebondir! Si on souffre de quelque chose qui est
« visible », comme une blessure ou un torticolis, tout le monde va
être plein d’égard, mais si vous avez le malheur d’avoir des douleurs aux
muscles, bien qu’au niveau intensité
cela soit atroce, on va écouter une fois que vous avez mal et il faudra
passer à autre chose car l’autre n’aura pas de compassion.
On a tendance à croire qu’il y a
une hiérarchie évidente et identique pour tous de la souffrance, par exemple
qqn pensera que la douleur d’une jambe cassée est plus forte qu’un mal de
tête…que les douleurs d’un cancer sont plus fortes que celle engendrée par une
brûlure ou n’importe quoi d’autres, mais c’est pour chacun différent, il n’y a
pas une vérité. La souffrance c’est quelque chose de tellement relatif et non
mesurable concrètement (on y tend par différentes observations et des échelles
de douleurs, mais ça reste approximatif.)
Biensur je vis cela au travail.
Je travaille avec des gens atteints de démences. Les patients eux-mêmes
souffrent de se voir perdre tous leurs acquis (quand ils ont encore un peu de
discernement), mais je ne vous dis pas les familles….avoir un conjoint ou un
père qui en quelques mois ou qq. années, change du tout au tout, jusqu’à ne
plus savoir qui il est, ou il est, comment manger, marcher ou uriner. Les
familles vont effectivement devoir trouver une raison…une nouvelle philosophie
de vie, s’ils en ont les capacités.
Et pour parler encore de la
souffrance des autres, et de ce qu’on en fait… les soignants sont au cœur du
problème. Je vois certaines collègues qui sont obligées de travailler à 100%,
comment peuvent elles supporter toute cette douleur autour d’elle ? sans
arrêt toutes différentes les unes des autres mais se manifestant très puissamment,
par cris, pleurs, agressivité physiques
ou verbales ?(dès que les patients vont mieux ils partent en EMS ou
éventuellement à domicile).
Malheureusement j’en reviens à notre hiérarchie de l’importance de la
souffrance, certains signes vont faire réagir dans le bon sens, c’est à dire
une patiente qui pleure (une fois) va susciter de la compassion, celle qui va
le faire à longueur de journées et répéter les mêmes plaintes ( même si on sait
que c’est caractéristique de la démence, les patients oublient parfois au fur et
à mesure) suscitera plutôt de l’agressivité des soignants. Et c’est entre autre
le pourquoi de mon blabla, j’ai beaucoup de peine quand mes collègues sont
agressives avec ceux qui souffrent, je trouve cela injuste! Mais je pense
qu’ à partir d’un certain seuil on se protége comme on peut. Je m’explique :
c’est plus facile de se dire : cette patiente a du être très « fille
trop gâtée » dans sa vie, elle m’énerve, plutôt que de dire cela fait des
semaines que cette patiente souffre à en crever et personne n’arrive à l’aider,
ni nous les soignants, ni les proches !
Voilà je vais m'arrêter là...si ça intéresse qqun ou que je n'ai pas assez argumenter, je me réjouis de votre réponse
Christine